Lettre ouverte au Ministre Borloo concernant les dangers de l'urbanisme au sud de l'agglomération d'Alès, ville sinistrée en 2002

Publié le par Section de la Gardonnenque du PCF

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Monsieur Jean-Louis Borloo, Ministre de l’écologie,

                                                 du développement et de l’aménagement durables
246 Bd St Germain

                                                              75700 PARIS

 

 

Monsieur le Ministre,

 

Vous avez remis, il y a quelques mois, la Marianne d’or du développement durable à M. Max Roustan, député–maire de la ville d’Alès, pour son Agenda 21, projet censé fixer le cadre d’un développement durable des territoires concernés au cours de notre siècle.

 

Nous sommes quelques citoyens, préoccupés par les atteintes qui continuent à être portées à notre environnement, à trouver cela choquant : depuis des années en effet, les décisions de M. Roustan, d’abord en tant qu’adjoint et plus tard en tant que maire d’Alès, n’ont cessé de déstructurer le lit et l’environnement du Gardon, notre trop célèbre torrent cévenol.

 

Il faut lui reconnaître de ne pas avoir été un précurseur en la matière, l’activité abusive des gravières en aval de la ville, ayant causé au cours des dernières décennies, des dégradations irréversibles.

 

Mais le mouvement massif d’urbanisation de terrains constituant le lit majeur du Gardon donc inondables, au profit notamment de zones commerciales, et le creusement répétitif du lit mineur, ont fini par mettre gravement en danger la rivière et ses riverains.

 

Durant des années, au prétexte officiel de ‘la mise en sécurité du Gardon, et afin d’aménager un « Alès plage » en centre ville où il pourra ensuite parader sur un jet-ski la veille même des inondations de septembre 2002, M. Roustan avait fait creuser de manière irresponsable et aux frais des contribuables, le lit de la rivière.

 

Après la crue de 2002, le creusement a repris de plus belle. L’idée simpliste qui sous-tendait ce projet, outre le réaménagement du joli plan d’eau avec jet d’eau surpuissant et canards barbotant, était que, plus on enlèverait de graviers en creusant, plus on diminuerait le risque d’inondation pour les Alésiens, (quant aux habitants de l’aval, ils ont été un peu… oubliés).

 

On mesure aujourd’hui les conséquences prévisibles d’un tel acharnement : le lit mineur du Gardon étant déjà fortement érodé (-3m en 50ans), il y a aggravation du risque d’affaiblissement du pied des digues, baisse constante du niveau de la nappe phréatique (les maraîchers de la Prairie en subissent les effets) et, en cas de crue, mise en danger des populations situées en aval (plus de « ralentisseurs » naturels pour freiner l’eau et champs d’expansion des crues imperméabilisés).

 

Toutes ces altérations successives ont été faites en dépit des mises en garde étayées des associations qui depuis des années tirent la sonnette d’alarme. De récents bâtiments construits en zone inondable ont bel et bien été inondés….

 

Malheureusement, il semble que ces brillants résultats n’aient pas satisfait notre entreprenant maire : en 2005, il accorde un permis de construire sur un terrain (classé inondable en 1996) qui borde la rive gauche à la sortie d’Alès, dans le but d’y implanter une surface commerciale (on en manquait !) de 12000 m2.

 

Ce projet va clairement à l’encontre des circulaires préfectorales qui protègent de l’urbanisation les bassins d’expansions des crues.

 

Malgré cela, et sans attendre le résultat de l’enquête publique, le promoteur, qui se dit soutenu par M. Roustan, fait remblayer le terrain sur une hauteur de 2m (!) afin de constituer « un îlot que les crues ne pourront recouvrir »…..

Tant d’inconscience et de mépris envers les risques que l’on fait courir à d’autres, laissent pantois.

 

Suite à l’opposition de la DDE et à l’avis défavorable du commissaire enquêteur, le projet est abandonné…pour quelque temps.

 

Le promoteur est condamné à faire enlever le remblai.

 

Mais en 2007, le promoteur (toujours soutenu?) chassé par la porte revient par la fenêtre avec une nouvelle demande de permis de construire, portant cette fois sur 5995 m2 de surface commerciale.

 

Pourquoi une telle modestie ? La raison est simple : en deçà de 6000 m2, l’enquête publique n’est pas requise….

Et que croyez-vous qu’il advint : la mairie d’Alès a autorisé le permis de construire le 9 novembre 2007 !

 

Bien entendu, le bon peuple est gentiment prié de croire qu’une fois les 5995 m2 construits et les voies d’accès achevées, le promoteur ne déposera pas un autre permis portant sur une tranche identique...

 

Entre temps, deux faits notables sont intervenus :

1 : l’Assemblée Nationale a voté une loi, présentée par deux députés dont M. Roustan, qui associe les élus au PPRI (Plan de Prévention des Risques Inondations).

On peut discuter du bien fondé de cette loi, mais qui ne peut imaginer que des élus prêts à bétonner sans scrupule, ne chercheront pas à peser de tout leur poids dans ces commissions ?

2. Le PPRI de la région d’Alès, bien que terminé depuis plusieurs mois, attend toujours que M. Roustan veuille bien le publier. Après les élections, c’est toujours mieux. …

Et ce ne sont bien entendu que de mauvaises langues qui prétendent que le maire signe les permis de construire maintenant de crainte de ne pouvoir le faire ensuite…

 

Nous voici donc face à un député–maire qui a été nommé, suite à la crue de 2002 dont sa circonscription a tant souffert, « Président National du groupe d’étude sur les inondations », actuellement membre de la « délégation à l’Aménagement et au Développement Durable du Territoire », et qui ne cesse dans ses pratiques quotidiennes, de mettre à mal, une rivière par nature imprévisible, au mépris des règles élémentaires d’une gestion durable des cours d’eau et de la nécessaire protection des personnes et des biens.

La suite, peut malheureusement s’imaginer : une fois surélevés et imperméabilisés par les nouvelles constructions, les terrains pris dans le lit majeur du gardon ne pourront plus servir à l’expansion des crues. Emmuré dans la traversée de la ville et dans l’impossibilité de s’étaler, le Gardon pourra, lors d’une prochaine crue, aller noyer les terres, les habitations, les biens et ceux là-mêmes qui vivent en aval d’Alès…..

 

Il ne restera plus à M. Roustan, en bon « Docteur Diafoirus », qui saignait ses malades atteints d’hémorragie, qu’à faire descendre une nouvelle fois pelleteuses et camions dans le lit du Gardon pour enlever les derniers galets…et à se lamenter sur la démence des éléments que rien n’arrête.

 

Nul doute que cela mérite la médaille (en béton) du développement durable !

 

 

NB : l’enquête publique permet d’apprécier par des voies légales et démocratiques les risques d’un projet par rapport à ses aspects économiques, sociaux et à l’aménagement du territoire.

 

 

PS : Comme M. Roustan n’est pas à court d’idées, nous ne résistons pas au plaisir de vous faire connaître sa dernière lubie : la création au sud d’Alès et sur 600ha ( !) d’un golf international de 18 et 9 trous, avec zone économique high-tech (en anglais c’est plus vendeur), résidences  de luxe et tout ce qui va avec….

Un green sous le cagnard languedocien, et alors que nos rivières sont invariablement à sec chaque été et que le phénomène empire, fallait y penser !….

 

Et la question vient inévitablement à l’esprit de tout Alésien sensé : à quand la prochaine médaille ?

 

Souhaitant vous avoir utilement interpellé, recevez, Monsieur le Ministre, l’expression de nos respectueuses salutations.

 

 

Fait à Alès, le 07/03/08

 

Le Collectif Initiatives Citoyennes de la Gardonnenque

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